Longtemps estampillés « Recettes de grand-mère » pour le jardin, les macérats et purins font l’objet d’un intérêt croissant en agriculture. Ils tiennent déjà une place de choix dans la boîte à outils de l’agriculture biologique grâce à une composition naturelle et un faible impact environnemental. Portées par de nombreuses vertus agronomiques, ces préparations font désormais partie des options crédibles en agriculture conventionnelle, y compris en grandes cultures.

 

Macérats et purins : définitions

 

Macérats, extraits fermentés, purins, décoctions, infusions… ces termes sont rattachés à la famille des préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP). Ces spécialités se distinguent par des modes de fabrication différents :

  • Un macérat est le résultat d’une extraction des principes actifs d’une plante par immersion dans une huile. Le processus se déroule généralement à température ambiante et à l’abri de la lumière. La durée du processus varie de quelques heures à plusieurs mois.
  • L’extrait fermenté ou purin est issu de la fermentation de plantes dans de l’eau. Le processus s’étend sur quelques jours ou quelques semaines.
  • L’infusion consiste à plonger des fragments végétaux dans une eau bouillante, comme on prépare un thé. La décoction implique que l’eau soit maintenue à ébullition pendant un certain temps.

Beaucoup de plantes peuvent entrer dans la composition de ces préparations. En agriculture, les plus courantes sont la consoude, la prêle, l’ortie, la luzerne et l’ail. Selon les cas, la plante est utilisée dans sa totalité ou en partie (feuilles, racines…). Fabriquer soi-même des macérats et purins demande un minimum de technique et de matériel. Cela suppose également une bonne connaissance des propriétés de chaque plante. Les produits prêts à l’emploi permettent de s’adapter rapidement aux besoins des cultures et de faciliter la préparation des applications. 

 

Quelles sont les utilisations des macérats et purins en agriculture ?

 

L’intérêt grandissant pour les macérats et purins, y compris dans le cadre de systèmes conventionnels, trouve son origine dans les multiples vertus attribuées à ces préparations naturelles.

Un usage compatible avec la préservation de l’environnement

Élaborés à partir de matières premières naturelles, ces produits ne contiennent pas de molécules fortement rémanentes ou dangereuses pour les écosystèmes. Utilisés depuis longtemps en agriculture biologique, macérats et purins représentent une alternative écologique aux produits phytosanitaires de synthèse. Substituer les traitements phytosanitaires conventionnels, partiellement ou totalement, par des applications de macérations est un moyen pour réduire l’IFT (Indice de Fréquence de Traitement).

En substitution ou complément aux traitements phytosanitaires

Les produits issus des macérations et fermentations sont principalement utilisés pour compléter ou remplacer des traitements phytosanitaires classiques. Leur mode d’action diffère pourtant des molécules de synthèse. Les macérats et les purins ont une action biostimulante, permettant aux plantes de mieux résister aux agressions de pathogènes. Certaines de ces préparations ont une action ciblée. Ainsi, les purins de prêle et d’écorces de saule sont réputés pour leur action antifongique et les purins d’ail pour leur effet insecticide. D’autres préparations, comme le purin d’ortie, affichent une action plus large, à la fois insecticide et fongicide. Dans la majorité des cas, elles sont utilisées dans une logique préventive de renforcement des défenses naturelles des cultures.

Une contribution directe et indirecte à la croissance

Les purins et macérats agissent à d’autres niveaux sur la physiologie végétale du fait de la complexité de leur composition chimique. Ils présentent notamment un intérêt pour la fertilisation des cultures, apportant des éléments nutritifs et des oligo-éléments sous des formes facilement assimilables. Leur contribution à la croissance et au développement des cultures est aussi plus indirecte. Le rôle réducteur des produits macérés et fermentés contribue à rééquilibrer le potentiel RedOx d’une parcelle cultivée. Cette propriété s’avère intéressante pour contrebalancer l’oxydation consécutive à une pulvérisation de produits phytosanitaires.

Enfin, l’intégration des préparations macérées ou fermentées dans les itinéraires techniques est généralement associée à une évolution bénéfique des sols. Les effets les plus souvent notés sont les suivants :

  • enrichissement en matière organique,
  • amélioration de la structure du sol,
  • augmentation de l’exploration racinaire,
  • et accroissement de la vie microbienne.

 

Des applications de macérats et purins en grandes cultures

 

L’utilisation de préparations naturelles est moins fréquente en grandes cultures qu’en cultures spécialisées. Les retours des agriculteurs qui ont tenté l’expérience mettent pourtant en avant des résultats prometteurs. Sont à relever :

  • l’utilisation de macérat d’ail pour repousser les altises sur les parcelles de lin en remplacement d’insecticides,
  • l’enrobage de semences avec un macérat pour améliorer le taux de levée, y compris lorsque le pathogène est présent dans la parcelle,
  • et des applications préventives de purins (luzerne, ortie, consoude, prêle) dans une stratégie de protection d’une culture de blé tendre.

Il est courant de pratiquer des apports complémentaires en oligo-éléments pour pallier les carences éventuelles ou accentuer l’action biostimulante des préparations naturelles. Les retours d’expérience soulignent le fait que l’efficacité des applications de macérats et de purins dépend de nombreux facteurs, notamment locaux. Plus que jamais, l’expérimentation semble être une clé de la réussite des itinéraires techniques intégrant ces spécialités.

Les précautions d’usage des macérats et purins

S’ils ont un faible impact environnemental, les macérats et purins doivent cependant faire l’objet de certaines précautions pour être utilisés à bon escient :

À faire

À ne pas faire

–       Anticiper. L’utilisation de ces produits implique d’adopter une stratégie de lutte préventive pour obtenir des résultats satisfaisants.

–       Expérimenter. Maîtriser les effets de ces produits dans un contexte pédoclimatique particulier suppose de mener des expérimentations.

–       Appliquer lorsque les conditions sont réunies. Les conditions idéales d’application impliquent notamment une température du sol suffisante (>10 °C, voire plus selon les spécialités).

–       Appliquer sur des plantes déjà malades. Outre le fait que la plupart des spécialités ont une action préventive, l’élément pathogène pourrait bénéficier des sucres apportés par les applications, ce qui serait contre-productif.

–       Mélanger produits de synthèse et préparations naturelles. Si la complémentarité avec les produits de synthèse est intéressante (rééquilibrage du potentiel redox), l’application doit se faire à distance (quelques jours).

 

Le recours aux macérats et purins s’enracine, y compris des systèmes conventionnels. Ces préparations font partie du panel des techniques mobilisables pour améliorer les rendements tout en limitant l’impact environnemental. Vous êtes tentés par l’utilisation de préparations naturelles ? Notre catalogue propose plusieurs références de macérats, décoctions et purins prêts à l’emploi et utilisables en grandes cultures. N’hésitez pas à nous contacter directement pour obtenir plus d’informations.