Une fertilisation organique réussie repose sur trois grands principes : bien connaître les besoins de sa culture (et leur évolution au cours du cycle), comprendre le comportement des différents produits organiques épandus et réduire les pertes entre l’apport et l’absorption.

 

1. Viser juste : synchroniser les apports organiques avec les besoins des plantes

 

Calibrer les apports selon les besoins et le cycle végétatif

Comme toute fertilisation, les apports organiques visent à couvrir les besoins des plantes qui ne seraient pas déjà pourvus par les éléments du sol. Les fournitures du sol sont généralement estimées à la sortie de l’hiver et sont influencées par de nombreux facteurs : intensité des pluies hivernales, arrières-effets des précédents (cultures, apports), dynamique de minéralisation…

Une fois les besoins cernés vient la nécessité de synchroniser la libération des éléments nutritifs apportés avec les besoins instantanés des plantes. La variation de ces besoins au cours du cycle végétatif est spécifique à chaque culture. Qu’il s’explique par un apport tardif ou précoce, le décalage entre la disponibilité des éléments et le besoin instantané de la culture représente une perte d’efficacité, voire un risque (ex. « faim d’azote »).

Ne pas se laisser surprendre par la cinétique de minéralisation

Les fertilisants organiques contiennent une part plus ou moins importante d’éléments nutritifs indisponibles pour les plantes dans l’immédiat. À l’inverse, certains fertilisants organiques affichent une composition proche de celle des engrais minéraux, avec une disponibilité immédiate. Ainsi, la farine de plume met à disposition de la culture de 80 à 90 % de l’azote apporté.

La disponibilité du potassium présent dans les fertilisants organiques est quasiment identique à celle des engrais de synthèse. Quant au phosphore des produits organiques, il est principalement présent sous forme minérale, donc disponible pour les plantes. Le reste du phosphore est libéré à court terme avec la minéralisation. Le tableau suivant illustre la variabilité du comportement de minéralisation de l’azote présent dans les fertilisants organiques (d’après ARVALIS, 2020).

Vitesse de minéralisation de l’azote
% de l'azote organique minéralisé
Type d'effet
Type de produits organiques
Rapide
30-80 %
Effet direct
(quelques semaines/mois)
fientes de volailles, lisiers de porcs, farine de plume, poudre de viande séchée, vinasses…
Intermédiaire
20-40 %
Effet de court terme
(année suivant l'apport)
fumiers de bovins
Lente
10-15 %
Arrière-effet
(plusieurs années)
composts de déchets verts, composts de fumiers de bovins

Estimer l’effet direct et l’arrière-effet est donc essentiel pour veiller à la cohérence des apports avec la temporalité des besoins. La grande variabilité existant au sein de ces groupes rend délicat tout classement a priori d’un fertilisant. Seule la connaissance spécifique de la composition de chaque produit permet d’anticiper la cinétique de fertilisation.

 

2. Ne pas avancer à l’aveugle : choisir son fertilisant organique

 

Les fertilisants très réactifs, affichant une grande disponibilité immédiate pour les plantes, sont apportés juste avant les périodes d’absorption des plantes.

Rapidement minéralisables, les engrais organiques riches en poudre d’os, farine de plumes ou poudre de viande séchée, sont des alternatives intéressantes aux engrais minéraux et sont apportés au même moment.

Les fertilisants à minéralisation lente, comme les composts, sont plutôt utilisés pour redresser un taux de matière organique. La bonne connaissance du comportement de minéralisation est d’autant plus stratégique pour les fertilisants aux profils intermédiaires, pour lesquels il faut identifier la bonne période d’apport.

La variabilité des valeurs fertilisantes et de la vitesse de minéralisation est une caractéristique des fertilisants organiques. Le professionnel peut cependant s’appuyer sur des informations clés pour piloter sa fertilisation organique. Des analyses pratiquées sur les produits organiques permettent de connaître leur composition et d’estimer leur valeur fertilisante. Lorsque les fertilisants sont achetés auprès des négociants, ces analyses sont systématiquement réalisées.

Ces données sont importantes pour calculer le coefficient d’équivalence engrais minéral (KeQ). Ce coefficient est d’autant plus élevé que le nutriment est disponible immédiatement, comme il le serait dans un engrais de synthèse. Les conditions d’épandage (risque de volatilisation), la période d’apport et la culture jouent sur ce coefficient d’équivalence engrais.

 

3. Être efficace : optimiser une fertilisation organique

 

Un apport efficace c’est un apport qui profite à la plante. La limitation des pertes est donc une priorité. Le fractionnement et la modulation intraparcellaire des apports sont souvent préconisés pour limiter les pertes qui interviennent entre l’apport et l’absorption par la plante. Une fraction des nutriments apportés peut ainsi être perdue par lessivage et même, pour l’azote, par dénitrification. Les outils de pilotage de la fertilisation peuvent aider à mettre en place le fractionnement et la modulation des apports.

Mais la perte peut avoir lieu directement après l’épandage, par volatilisation de l’azote ammoniacal. Ce phénomène est accentué lorsque l’épandage a lieu dans des conditions chaudes, sèches et venteuses. Aussi, l’enfouissement avec un outil à dents ou à disques, le plus rapidement après l’épandage, permet de réduire les pertes par volatilisation jusqu’à 90 %.

 

La conduite d’une fertilisation est toujours sous l’influence d’aléas, notamment climatiques, et se révèle rarement parfaite. Un pilotage réussi, tenant compte des besoins réels des plantes et des caractéristiques des apports, permet de réduire les marges d’erreur et d’optimiser la fertilisation tant sur le plan économique qu’environnemental.

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